Changeons notre façon de penser – Le coin du cerveau
« Pffff, de toutes façons, je sais très bien, il ne changera jamais ! »
On peut aussi colorer nos certitudes avec d’autres mots incisifs : « Je le connais par cœur », ou « Un chien ne fait pas des chats », « Il n’a jamais su faire, alors ! »… Je vous laisse continuer avec vos propres paroles…
Ah, quel plaisir, quelle satisfaction de pouvoir affirmer avec tant de force ce qui sera ! On pense savoir ce qui va arriver, ce qui ne va pas arriver… En réalité, ce qui nous parait prévisible c’est le plus souvent ce qui est déjà arrivé. Donc on pense que ce qui a été sera, et que ce qui est, sera !…
Hier, il ou elle n’a pas su faire, tout comme avant-hier, tout comme avant-avant-hier… Et je garde comme probabilité la plus « probable » que ce sera comme ça encore très longtemps. Quel avantage en tire donc mon cerveau ? celui de la rapidité et de l’efficacité assurement. Ce serait trop lent d’analyser tous les indices pour imaginer toutes les hypothèses, y compris celles du changement de comportement. Et donc j’aborde une situation inédite avec le prisme des situations antérieures.
Un peu de solidité dans ce monde si bouleversant, si changeant ! Bien sur que nous avons besoin de cette solidité, de ces assurances, de ces convictions pour tenir debout. Là où cela devient génant c’est lorsque nous pensons que ce que nous croyons est la réalité ! Vous suivez ? Je prends un exemple d’une phrase péremptoire : « Il ne changera jamais ! »
Et je vais vous inviter à venir avec moi faire un petit tour à Londres, dans un des nombreux « black cab » de la capitale. Tiens, chouette un voyage ! On y va ? Il y a, à Londres environ 25.000 rues, sur un territoire 10 fois plus étendu que celui Paris ! Oh, my God ! Et les chauffeurs de taxi londoniens n’ont pas de GPS. Ils ont donc inscrit dans leur cerveau le plan et l’organisation de ces 25.000 rues ! Impossible ? Pas du tout ! Il y a même une école, « l’école de la connaissance », qui dure 3 ans et qui distille le précieux sésame pour conduire un taxi à Londres. Les neurologues anglais ont été très intéressés par l’architecture neuronale de ces chauffeurs de taxi. Ont-ils une organisation particulière du cerveau, des talents spéciaux, une intelligence visuo-spatiale innée leur donnant ces capacités de mémorisation ??? Voila donc nos chauffeurs, servant de cobayes à la recherche et affublés, pour l’avancée des neurosciences, d’électrodes épiant les moindres échanges chimiques et éléctriques le long de leurs 96 milliards de neurones et à l’intérieur de leurs synapses.
Et la conclusion ? ils ont tous dans la même zone de leur hippocampe, là où le cerveau répère et mémorise, une plus forte concentration de neurones que chez la population témoin n’ayant pas fait cette école et ne travaillant pas comme « black cab ». Cette étude scientifique ayant duré plus d’une décennie, les neurologues ont pu ainsi prouver que c’est au cours de leurs 3 années d’école et durant leur carrière professionnelle que les taxis créent de nouvelles connections neuronales. Ils ont appelé cette capacité la « plasticité neuronale », c’est-à-dire la capacité du cerveau à créer de nouvelles connections.
Quel rapport avec la phrase péremptoire de tout à l’heure : « il ne changera jamais ! » ? Et bien, ces phrases ne peuvent pas être vraies… Vous n’en savez rien ! Vous êtes juste en train de croire que le monde ne bouge pas ! Vous êtes en train d’essayer de convaincre votre entourage que vous savez ce qui va advenir ! En fait, vous êtes simplement en train de réaliser que vous n’avez pas assez d’espoir pour espérer un changement chez l’autre !
La morale ? Votre cerveau aussi est doté d’une merveilleuse plasticité cérébrale ! Osez de nouvelles croyances ! Osez par exemple la bienveillance, d’abord sur vous-même : « tu n’as pas encore réussi et ton cerveau est capable d’inédit ! allez, je t’espère ! Vas-y ! ». Et comme par enchantement, les phrases péremptoires ne représenteront plus aucun intérêt pour vous, et vous aurez envie de voir la réalité comme elle est, et non plus comme vous pensiez qu’elle était !
Bonnes routes !